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La limace bleue
25 octobre 2017

Le harcèlement, dans la mode aussi

Plusieurs centaines de témoignages de mannequins sont diffusés depuis jeudi sous le mot-clé #MyJobShouldNotIncludeAbuse. Ils visent souvent des comportements de photographes. #MyJobShouldNotIncludeAbuse ("Mon métier ne devrait pas comporter d'abus"). C'est le mot-clé lancé jeudi dernier par la mannequin new-yorkaise Cameron Russel. Inspirée par la libération de la parole -amorcée avec les dizaines de témoignages accusant le producteur américain de cinéma Harvey Weinstein de harcèlement, agression sexuelle voire de viols- la jeune femme a décidé d'en faire de même, dans le milieu de la mode. "Une mannequin (et amie) courageuse m'a contactée pour me raconter son histoire aujourd'hui, commence-t-elle. Elle veut rester anonyme, mais m'a demandé de partager ses mots, parce que le photographe travaille toujours dans le milieu." Au-dessus de cette légende, elle publie son témoignage. La victime, à l'époque mineure, avait été invitée à faire un "test" avec le photographe. "Ma belle-mère m'avait accompagnée, elle était dans une autre pièce, raconte l'anonyme. Elle ne savait pas qu'il était en train de mettre ses doigts bien profonds dans mon sexe pendant qu'il prenait des photos de moi, expliquant que ça rendait les photos plus sensuelles. J'avais quinze ans." "Nous devons trouver une façon de briser le silence, tout en restant protégées. Nous ne parlons pas d'un, de cinq ou même de 20 hommes. Nous parlons d'une culture de l'exploitation qui doit cesser", écrit Cameron Russel, en invitant les femmes qui travaillent dans l'industrie de la mode à "partager leur histoire" auprès d'elle ou directement sur les réseaux sociaux, de façon anonyme si elles le souhaitent. Pour éviter la diffamation, les noms des agresseurs présumés ont été masqués. Une démarche aux antipodes des déclarations de l'ancienne top-modèle Carla Bruni, qui clamait vendredi, lors d'une interview aux Etats-Unis, que la "mode est un environnement sain" et "pas si dangereuse pour des jeunes filles". "A plusieurs occasions, on m'a traitée de féministe car je rapportais des gestes, des mains aux fesses, des pincements, des pressions exercées pour obtenir des rendez-vous, des coups de téléphone ou des textos sexuels, le manque de zones décentes pour se changer... Et parce que la réponse a toujours été 'Et cela te surprend?' ou 'Ça fait parti du métier', je les ai tolérées", s'insurge la mannequin Cameron Russel qui a défilé pour Victoria Secret ou Chanel, et souhaite aujourd'hui un "changement de pouvoir". Elle-même assure avoir été victime de "harcèlement d'éditeurs, photographes, stylistes ou clients pour poser nue", avoir vu des photos d'elle nue publiées sans son consentement, avoir subi des "massages non consentis", reçu des "appels, messages et emails inappropriés", avoir été forcée à dormir au domicile d'un photographe plutôt qu'à l'hôtel... En quatre jours, Cameron Russel a posté près de 70 témoignages sur sa page et plus de 300 ont été publiés sur Instagram sous le mot clé #MyJobShouldNotIncludeAbuse. L'une des mannequins qui témoigne se souvient d'un photographe qui lui a demandé, lors d'un casting, si pour un "projet personnel", elle accepterait "de lui faire une fellation pendant qu'il la photographie". "J'ai poliment décliné et j'ai fui aussi vite que j'ai pu", témoigne la jeune femme. Ironie de l'histoire, l'homme vivait avec sa petite amie dans le même immeuble qu'elle. Une autre raconte que lors d'un shooting photo, alors qu'elle n'avait que 14 ans, un photographe lui a posé des questions sur ses pratiques sexuelles et a insisté pour qu'elle se change face à lui. Elle rapporte ses propos: "Oh mon dieu tu es sexy", "Tu me donnes envie d'aller en prison". "Je n'ai pas eu le courage de partir, car je pensais que j'allais avoir des problèmes avec mon agence. Je suis restée car j'avais trop peur et il m'a embrassée de force à la fin. Depuis, je suis tétanisée quand je me rends compte que je dois être photographiée par un homme", déplore la jeune femme. Une top-modèle relate aussi avoir été touchée au-dessus de ses sous-vêtements lors d'une séance photo à Londres, alors qu'elle était adolescente. "J'ai tenté de me défaire de lui en lui criant que j'avais 15 ans! Là, il a commencé à paniquer en me disant 'Ne le dis à personne stp, je pensais que tu en avais 16'. Comme si cela devait faire une différence!", commente la mannequin anonyme. "Pourquoi t'aurais-je invitée autrement?", aurait également répondu un photographe à une jeune femme qui refusait de poser nue. Plusieurs autres, dont certaines n'étaient pas majeures au moment des faits, relatent que lors d'un shooting, le photographe se masturbait devait elle et parfois devant d'autres professionnels. Une autre top-modèle, âgée de 24 ans, relate avoir dû "apprendre comme se protéger durant les shootings". Habituée des photos en maillot de bain et sous-vêtements, elle raconte: "'Être aussi active sur Instagram, poster mon travail dont je suis fière, a fait penser à des milliers de tordus, de la mode et d'ailleurs, que mon corps à moitié nu était une invitation à leur égard". "Je suis fatiguée de recevoir des photos d'hommes nus, des vidéos d'eux qui se masturbent et me disent que je suis une pute car je poste des photos de moi dans de telles tenues", déplore aussi la jeune anonyme. Nombre d'entre elles critiquent aussi le rôle de leurs agents, qui les ont laissés avec des photographes dont la réputation de harceleurs n'était plus à faire, ou qui n'ont tout simplement pas réagi lorsque les mannequins leurs ont relaté leurs déboires. L'une d'elles raconte qu'un an après avoir tenté de l'agresser, un photographe a été "arrêté pour agression sexuelle sur une top-modèle. Il l'avait fait boire et a tenté a contraindre à des relations sexuelles", affirme-t-elle. Elle aussi avait prévenu son agent.

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